Récits d’enfance de la période précédent Pâques – Episode 3

La préparation et la dégustation du menu Pascal

Le Dimanche de Pâques était un de ces grands jours marqué par la festivité familiale comme pour de nombreuses autres familles. Chez nous, les dimanches de pâques tenaient du rituel et se ressemblaient. La journée était chargée : elle commençait par la mise à mort des crabes que je vous ai relaté lors de l’épisode précédent (cliquer ICI) et se terminait par une série de jeux après avoir dégusté un menu sans commune mesure. Suivez-moi pour vivre cette journée familiale comme si vous y étiez !

Pour le dimanche de pâques, point de sortie à la plage ou à la rivière pour Tatie Maryse. C’est sur la propriété des mes grands parents que toute la famille, «parents, amis et alliés», se retrouvait pour partager le repas de pâques où le matoutou s’imposait.

Année après année, les chevelures se faisaient de plus en plus grisonnantes, les calvities plus marquées. Des adolescents et adolescentes avaient remplacés les enfants. Nous entendions des mots nouveaux mais tout de même inquiétants pour nous : rhumatisme, congestion, tension… Mais peu nous importait nous étions jeunes et encore insouciants. Nous étions en vacances, heureux d’être, une fois de plus, ensemble pour ce repas.

La fête, car il s’agissait pour nous d’une fête, avait commencé depuis la veille. Tandis que les plus expérimentés faisaient voler leurs cerfs volants, ma grand-mère avait mobilisés les plus jeunes d’entre nous sur une tâche dont l’enjeu était une part supplémentaire de crabe avec un très gros mordant.

 

La préparation

Il s’agissait d’astiquer et faire briller d’énormes casseroles et faitouts qui seraient utilisés le lendemain. Nous mettions beaucoup de cœur à l’ouvrage mais, nous n’avons jamais su sur quels critères le gagnant ou la gagnante était désigné car les casseroles et marmites qui nous avaient été confiées nous emblaient toutes plus brillantes les unes que les autres. Nous jalousions un peu le lauréat et chacun s’imaginait gagnant l’année suivante.

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Ma grand-mère avait aussi sorti la vaisselle des grands jours qu’il fallait laver, essuyer et ranger. En effet, pour ce jour de Pâques pas question de manger avec nos habituelles assiettes, et timbales en aluminium. Comme les adultes, nous avions droit aux assiettes en porcelaine, aux verres en cristal, aux couverts en argent et aussi des serviettes en coton immaculé ; les apports des invités complétant l’ensemble.

 

Direction la cuisine…

Très tôt ma grand-mère se rendait au culte religieux. Pendant son absence nous avions profité du spectacle de mon grand père qui avait tué les crabes. Dès son retour, sans se départir de ses bijoux, mamie passait sa gaule, son tablier et prenait le contrôle des opérations aidée par certaines de mes tantes, deux cousines et moi-même, toutes, passionnées de cuisine. C’est à l’occasion de ce type de fête que nous apprenions près d’elles, par ce que nous voyions et entendions, les ficelles et tours de mains de la cuisine. J’étais très attentive à tout ce qui se passait.

Très vite la cuisine intérieure et celle qui était dehors grouillait d’activité. Nous épluchions oignons, ail, préparions les bouquets garni, trions le riz, le lavions. Ma grand-mère s’emparait des crabes qui avaient été tués dès l’aurore par mon grand-père. Nous allions au jardin chercher des citrons, des piments et autres ingrédients jugés indispensables par la Chef.

La confection des plats en quantité inhabituelle commençait, dont un énorme faitout de chocolat pour le goûter. L’une ou l’autre de mes tantes avait la responsabilité de certaines casseroles. Nous, les marmitons, regardions, écoutions, lavions les ustensiles, essuyions et rangions les vaisselles.

Que d’agitation ! Déjà, des odeurs annonciatrices de bons plats chatouillaient nos narines. Le menu de circonstance était particulièrement copieux :

En entrée : crabes farcis et accras 

En plat : le traditionnel matoutou 

En dessert : sorbets divers (ma recette du sorbet au coco est ici)

De temps en temps ma grand-mère telle un alchimiste soulevait les couvercles, inspectait le contenu d’une casserole, y passait une cuillère, et les yeux fermés, elle goûtait, et après un petit mouvement de langue et des lèvres, elle faisait l’appoint en sel, épices, etc.

Des gestes inoubliables qui se répétaient à mesure que la cuisson touchait à son terme. Une fois le verdict bon, et le plat à point, le récipient était porté sur un reste de feu de charbon afin que sa chaleur soit maintenue.

Une fois la préparation des plats terminée, nous pouvions rejoindre nos autres cousines et cousins à l’extérieur.

Souvent du sorbet était à l’ordre du jour pour le dessert. Mon grand père sortait le matériel et assisté par nous qui tournions la sorbetière, il supervisait le travail.

Un bon moment en famille

Les invités arrivaient les bras chargés. Les hommes se regroupaient autour de leurs punchs et parlaient de politique, de leurs affaires et de grosses blagues qui les faisaient se tordre de rire.

Mes tantes regardaient les albums photos de la famille qui lors de ces rencontres s’enrichissaient de nouvelles photos qu’elles échangeaient. La joie d’être ensemble et de partager un bon moment était évidente.

Pour certains d’entre nous, en revanche, un mauvais moment s’annonçait. Il fallait présenter aux parrains ou marraines les carnets de notes et bulletins scolaires afin de recevoir félicitations et encouragements ou admonestations. Parfois un petit billet d’argent de poche venait nous récompenser.

Je me souviens de deux cousins qui semblaient plus préparer des agrégations en capture de merles, de crabes, d’écrevisses et de grimper aux arbres où ils excellaient. Ils ne menaient pas large devant les remarques et rudes propos des adultes, qui ne voyaient pas les choses comme eux, au sujet de leurs résultats scolaires et des avis circonstanciés de leurs professeurs. Bien sûr, ils promettaient de faire des efforts dès la rentrée.

Le déjeuner devant se dérouler en extérieur, les femmes se chargeaient de la mise en place du couvert. Des tables étaient installées à l’ombre d’un gros manguier sous lequel un espace avait été préparé et nettoyé la veille. Cet emplacement, toujours le même nous rassemblait tous. De nombreuses allées et venues entre la maison et cette salle à manger champêtre avaient permis d’y placer couverts, assiettes, verres et serviettes. Les chaises apportées par les invités s’ajoutaient à celles de mes grands parents. Bref, tout se mettaient en place pour un déjeuner mémorable.

Ces magnifiques tables de fête avec des assiettes en porcelaine, des verres en cristal et des couverts en argent pour certains apportés par mes tantes avaient fière allure dans le jardin et semblait plaire à ma grand mère qui y jetait un coup d’œil satisfait.

C’est à elle que reviendrait tout à l’heure de placer des uns et des autres. Mais souvent aussi, elle cédait à nos souhaits de nous retrouver près de un tel ou une telle.

Une fois les mains lavées, nous prenions place autour des différentes tables. En général les adultes entre eux. Parfois une tante prenait place à une table où se trouvaient les plus jeunes enfants pour les encadrer et éviter les bêtises à table.

C’est dans un brouhaha qu’arrivait le premier plat. Au bout d’un moment, une fois chacun servi, un silence qui en disait long s’établissait. Nous n’étions qu’aux débuts d’une longue séance de dégustation de tous ces plats préparés avec Amour et qui allaient se succéder…

Ce festin englouti, mes cousins et moi nous adonnions aux traditionnels jeux de société.

Déjà l’odeur du chocolat chatouillait nos narines (cliquer ICI pour accéder à la recette)…

Que de beaux souvenirs d’enfance qui vous permettent de connaître un peu plus la mystérieuse Tatie Maryse…

FIN

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2 commentaires

  1. Geraldine dit :

    Alala très belle histoire

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Rédigé par Nathalie, de la TeaM Tatie Maryse

Co-fondatrice de Tatie Maryse, amoureuse des bonnes choses, je partage ici et depuis 2011 mes inspirations culinaires. Mon approche tant sur le web qu'en ateliers : une cuisine au goût de chez nous, accessible à tous et expliquée! Une approche qui se retrouve aujourd'hui déclinée dans notre gamme de produits "prêts à déguster" disponibles sous la marque Poz'.